« Je retiens un type d’expérience, rencontrée un peu partout, qui est un signe éloquent et direct de la foi et de la vie ecclésiale parmi les jeunes. Comment ne pas être touché par la nouvelle floraison des pèlerinages de jeunes ces dernières années ?
Je me souviens des pèlerinages d’universitaires à Czestochowa, dès 1936: j’y ai souvent participé avec mes compagnons, parfois dans une semi-clandestinité; on rejoignait le sanctuaire de la Mère de Dieu à Jasna Gora, haut lieu spirituel de la Pologne.
Mais l’expérience dépasse de beaucoup le cadre de mon pays natal. Après une période de moindre ferveur, on a repris la route des pèlerinages. Nombreux sont les jeunes qui marchent de Paris à Chartres, de Macerata à Lorette, de Buenos Aires à Lujan. On pourrait dire que notre rencontre de Strasbourg s’inscrit déjà dans la préparation de la Journée mondiale de la jeunesse de 1989.
Celle-ci aura son sommet à Santiago de Compostela, en Espagne, les 19 et 20 août de l’an prochain. Les jeunes du monde entier y sont invités. Moi-même je m’y rendrai comme pèlerin. Je vous encourage à entreprendre ce pèlerinage vers la tombe de l’apôtre saint Jacques.
La démarche de pèlerin revêt en effet une grande importance. Le pèlerinage symbolise votre vie. Il signifie que vous ne voulez pas vous installer, que vous résistez à tout ce qui tend à émousser vos énergies, à étouffer vos questions, à fermer votre horizon. Il s’agit de se mettre en route en acceptant le défi des intempéries, d’affronter les obstacles – et d’abord ceux de notre fragilité -, de persévérer jusqu’au bout.
Jésus est notre chemin. Il nous accompagne, comme il l’a fait pour les disciples d’Emmaüs. Il nous montre le sens de notre marche. Il nous ramène quand nous nous trompons de route. Il nous relève lorsque nous tombons. Il nous attend en fin de parcours, lorsque viendra le moment du repos et de la joie. Les sanctuaires sont comme « un coin du ciel » où le Christ nous accueille, avec sa Mère et notre Mère, avec les saints; où il nous fait goûter le mystère de communion auquel nous sommes destinés. »
Jean Paul II à la cathédrale de Compostelle le 9 novembre 1982 :
» Moi, successeur au Siège de Saint Pierre à Rome, siège que le Christ a voulu placer dans une Europe qu’il aime par son effort dans la diffusion du christianisme à travers le monde. Moi, évêque de Rome et berger de l’Eglise Universelle, je lance depuis Compostelle un cri d’amour à la vieille Europe :
Retrouve toi ! Sois toi-même ! Découvre tes origines ! Fais revivre tes racines et ranime les valeurs authentiques qui ont fait glorieuse ton histoire et bénéfique ta présence dans d’autres continents.
Reconstruis ton unité spirituelle dans un climat de respect des libertés et des autres religions. Donne à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. Ne t’enorgueillis pas de tes conquêtes jusqu’au point d’oublier les possibles conséquences négatives. Ne t’attriste pas de la perte quantitative de ta grandeur dans le monde ni des crises sociales et culturelles que tu subis.
Tu peux, Europe, être encore phare de la civilisation et encouragement pour le progrès dans le monde. Les autres continents attendent de toi la même réponse que Saint Jacques donna au Christ: « Oui, je peux ».